L’une des questions les plus fréquentes qui surgit lorsque je fais des présentations ou des sessions de sensibilisation est : « comment faites-vous lorsque vous arrivez sur un site web que vous ne connaissez pas ? » Curieusement, je suis souvent pris au dépourvu pour décrire avec précision ce processus que j’opère pourtant quotidiennement, mais tellement naturellement que je ne m’interroge plus (suite…)
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Archive pour mai 2012
De l’exploration au surf, ou de l’esthétique du web pour un aveugle
Lundi 28 mai 2012Préparer son itinéraire
Jeudi 24 mai 2012L’un des gros avantages d’une ville comme Paris est de pouvoir se déplacer facilement de manière autonome grâce au réseau de transports en commun (métro, bus, tramway) qui quadrille plutôt bien la cité. Mais lorsqu’on est aveugle et que l’on souhaite se rendre dans un endroit où l’on n’a encore jamais mis les pieds, ni les mains d’ailleurs, et que l’on ne peut donc consulter un plan, comment préparer au mieux son parcours ? (suite…)
Suite à mon article sur houra.fr
Lundi 21 mai 2012Il me faut apporter une rectification par rapport au problème de navigation par rayons que j’ai mentionné dans mon précédent billet. (suite…)
Le bonheur de pouvoir faire ses courses en ligne
Mercredi 16 mai 2012Allez, après une série de billets grognons, je vais aujourd’hui vous parler d’un train qui arrive à l’heure, d’un chien pas écrasé, d’une note musicale plutôt juste, bref, d’un site Internet qui me permet d’être totalement autonome. Que du bonheur ! (suite…)
Cette année encore, je n’ai pas pu faire ma déclaration d’impôt seul
Mercredi 16 mai 2012Je suis d’une génération pour qui la question du salaire, donc des impôts sur le revenu est encore tabou. C’est idiot, je le sais, mais j’ai le fait que n’importe qui connaisse ces choses-là me dérange. Armé de mes identifiants (dont le revenu fiscal de référence) qui figurent sur l’avis fiscal de l’an dernier et que j’ai donc bien été obligé de me faire lire, j’ai donc entrepris de tenter de remplir moi-même ma déclaration d’impôts en ligne. (suite…)
L’accessibilité native devient-elle réalité ?
Mardi 15 mai 2012L’accessibilité native, aussi connue sous l’expression accessibilité inclusive, ou plus largement e-inclusion signifie qu’un produit mis sur le marché est conçu, puis livré pour être utilisable pour le plus grand nombre de consommateurs, indépendamment du fait qu’il aient une déficience ou un handicap, sans qu’ils aient besoin de quelque adaptation tierce partie que ce soit. Par exemple, (suite…)
handicap et exploit
Lundi 7 mai 2012Je ressens toujours un malaise, une gêne aux entournures, voire quelque part au niveau du vécu, lorsque j’ai connaissance d’un reportage télé ou d’une vidéo sur Internet montrant des exploits de personnes handicapées. Ce fut encore le cas ce matin en découvrant cet (suite…)
Quand un ordinateur se prend pour Georges Perec
Lundi 7 mai 2012Georges Perec est ce romancier français qui s’était donné pour défi d’écrire un livre entier sans utiliser une seule fois la lettre e. C’est ainsi qu’est paru en 1979 la disparition. Un exploit artistique, une performance littéraire spectaculaire qu’il serait utile de transposer au tic de langage parlé actuel dont ni moi, ni mon petit cousin de 4 ans, ne sommes exempts et qui consiste à mettre « en fait » dans une phrase sur deux ou trois.
Mais là où ça devient franchement flippant, c’est quand l’ordinateur se prend pour Perec, (suite…)
Les courriers sont-ils si indésirables ?
Jeudi 3 mai 2012Quand on me propose d’augmenter significativement la taille de mon pénis et dans le même temps de perdre a peu près autant de poids, je me méfie, de peur que ce ne soit l’inverse. Surtout que ces invitations alléchantes (suite…)
Personne handicapée ou personne en situation de handicap
Jeudi 3 mai 2012Cette question soulève fréquemment de vives polémiques, en particulier lors de travaux de traduction d’anglais international en français international. J’en ai moi-même fait l’expérience lors de ma participation à la traduction officielle du document « understanding wcag 2 » à laquelle participaient également Québéquois, Belges et Suisses. L’expression « en situation de handicap » qui a fait son apparition depuis 4 à 5 ans, m’a d’abord laissé perplexe. Je la classais volontiers parmi la foule des expressions issues du politiquement correct, pensant qu’elle voulait parler des handicapés mais en arrondissant les angles. Je n’ai pas tout de suite compris qu’elle ne désignait pas uniquement les personnes atteintes d’un handicap permanent, mais élargissait la notion de handicap à tout individu pouvant éprouver une difficulté à accomplir une tâche dans un contexte donné. Et même, lorsqu’il s’agit d’une personne ayant un handicap permanent, celui-ci doit être confronté au contexte dans lequel la personne évolue et agit. Pour illustrer cette nuance fondamentale qui devrait modifier profondément notre perception du « handicap », remettons-nous en mémoire la fable de La fontaine intitulée « Le renard et la Cigogne ».
Le renard et la Cigogne
Compère le Renard se mit un jour en frais,
Et retint à dîner commère la Cigogne.
Le régal fut petit et sans beaucoup d’apprêts :
Le galand, pour toute besogne,
Avait un brouet clair (il vivait chichement).
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette:
La cigogne au long bec n’en put attraper miette,
Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la cigogne le prie.
« Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis,
Je ne fais point cérémonie. »
A l’heure dite, il courut au logis
De la cigogne son hôtesse,
Loua très fort sa politesse,
Trouva le dîner cuit à point.
Bon appétit surtout, renards n’en manquent point.
Il se réjouissait à l’odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu’il croyait friande.
On servit, pour l’embarrasser,
En un vase à long col et d’étroite embouchure.
Le bec de la cigogne y pouvait bien passer,
Mais le museau du sire était d’autre mesure.
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un renard qu’une poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l’oreille…
Passons sur la morale qu’en a tirée La Fontaine sur la tromperie et l’esprit de revanche, et tirons-en une autre, tout aussi pertinente : Handicap n’est qu’affaire de situation. La cicogne se trouve « handicapée » face à une assiette, tandis que le renard est tout à son aise. Inversement, la nourriture étant servie dans un vase, c’est le renard qui s’en trouve « handicapé », pendant que la cicogne se régale. Le terme handicapé(e) est ici entre guillemets, puisque, ni la cicogne, ni le renard ne sont à proprement parler handicapés. C’est la situation dans laquelle l’une ou l’autre se trouve tour à tour qui le rend maladroits, inadaptés, face à un à état de fait précis. De toute évidence, l’expression « en situation de handicap » eut été plus appropriée.
Supposons à présent que Dame cicogne et Sire Renard soient de très bons amis et que chacun fait bien attention à lui servir à manger dans le récipient qui convient à la morphologie de l’autre. Pourtant, Dame cicogne, à force de voir la misère depuis le ciel, est aveugle et Sire Renard, suite à un accident de chasse, se déplace dans un fauteuil roulant. Ce sont là deux handicaps qui, manifestement, resteront permanents. Le jour où la cicogne reçoit son compère renard, elle oublie d’allumer la lumière. Le renard, n’y voyant goutte, courtoisement, lui demande la permission de brûler une chandelle. A cet instant précis, la cigogne marche droit sur un scorpion qui s’apprête à lui piquer mortellement la patte. Le renard s’élance et écrase l’insecte d’une roue virile. La soirée se termine dans la bonne humeur, et l’on se promet de se revoir chez le Renard. Le jour dit, fringante cicogne arrive chez son ami et se trouve toute désemparée en entrant dans une pièce toute en pierre, si vaste que pas et voix résonnent en un écho qui l’empêche d’appréhender l’espace. Elle en fait part au renard qui avait dressé une magnifique table au centre de la grande salle. D’un commun accord, ils décident de dîner dans une pièce plus petite et tapissée afin que la cicogne ne soit plus désorientée. Le renard, tout à son bavardage, n’entend pas arriver près de lui une abeille dont la piqûre pourrait lui être fatale. La cigogne, toujours attentive au moindre bruit, gobe l’insecte d’un bec expert. L’amitié et la compréhension mutuelle, à la fin de cette soirée, s’en trouva renforcée.
Ceci démontre bien que, même en ayant un handicap visible et définitif, les capacités de l’individu ne sont diminuées que par rapport à une situation donnée. Mais qu’inversement, ces mêmes capacités peuvent être mises en valeur face à une autre situation ou grâce à des adaptations qui tiennent compte des difficultés de l’individu. Dans le contexte du monde du travail, une personne ayant un handicap aura d’autant plus à cœur de le compenser par d’autres aptitudes, compétences ou qualités, qu’elle cherchera, non seulement à ne pas représenter une charge, mais à apporter sa valeur ajoutée. C’est d’abord un défi personnel, celui de dépasser ses propres limites. Il revient donc à l’entreprise de savoir combattre ses craintes et ses préjugés vis-à-vis du handicap et de faire s’exprimer les compétences et les qualités du collaborateur handicapé en le mettant dans les meilleures conditions possibles ; en particulier en lui garantissant l’accès à l’information et aux applications métiers qu’il sera amené à utiliser.
En somme, chaque personne est susceptible de se trouver à un moment ou un autre en situation de handicap. Mais qu’il soit visible ou non, permanent ou temporaire, ce handicap est toujours surmontable, compensable, pour peu que l’on mette l’individu dans des conditions qui lui permettent de s’en affranchir et de donner la pleine mesure de ses compétences, de son savoir, de ses envies, de son énergie créatrice.